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1987

Françoise Bataillon, Art Press

Galerie Gabrielle Maubrie

Septembre 1987

La série des sculptures que nous propose Hervé Le Nost, pour sa première exposition personnelle, se rattache à l’esprit baroque par son aspect bizarre et par la profusion fantaisiste de ses éléments. C’est en quelque sorte une compilation des clichés de la sculpture contemporaine qui, ainsi regroupés, donnent une forme à la fois surprenante et familière. Le résultat échappe à l’anecdote et il y aurait plutôt des bribes d’histoires inachevées qui s’agencent par empilage. Ainsi la Conversation est-elle une relecture de la pratique du moulage ( la moule de cuisine se substitue par dérision à celui de la sculpture), du ready-made (pot de terre, moule en aluminium), de la sculpture traditionnelle (bloc de granit). La cuisine bretonne respecte l’ambiance de grisaille de cette région et fait des clins d’oeil à ses particularités (artichaut en bronze, dentelle plastifiée, niche et calvaire).

Sur le plan formel, cette pièce reprend la silhouette des paysages bretons. Dans d’autres sculptures c’est le modelage qui est revisité, ou la notion de monument, ou encore la référence au mobilier, la statuaire africaine, la sculpture-objet. La texture du matériau n’étant pas essentielle, elle est masquée par la couleur (bordeaux, marron, gris) qui homogénéise l’ensemble. Sans doute cette démarche est-elle de la part de Le Nost une façon de digérer les tics pour éviter la redite et trouver sa propre identité. Au stade actuel de son travail, les oeuvres dans lesquelles se greffe son histoire personnelle ( La cuisine bretonne) sont les plus convaincantes.

Texte de Christian Schlatter

Texte de Christian Schlatter,
Philosophe, Critique d’Art
« Hervé Le Nost à la recherche de la sculpture » in 7 à Paris juin 1987
ref galerie Maubrie

« Je crois voir une question franche qui court derrière ces sculptures. Comment faire, aujourd’hui, une sculpture qui ne s’enferme pas immédiatement dans des règles formelles qui tout aussitôt admises se révéleraient inadéquates ? Sculpteur qui cherche la sculpture plutôt qu’il ne l’interroge formellement, Le Nost me semble réussir le mieux “…“ Quand il sait, par la diversité des éléments assemblés, nous révéler une forme qui dit un peu la sculpture. »

Bernard Lamarche Vadel, critique

Les premières sculptures de Hervé Le Nost furent présentées en 1984 dans l’exposition « Ouvrir en beauté » organisé par Bernard Lamarche Vadel. Il s’agissait alors de grands assemblages en spores taillé sur lesquels l’artiste distribuait des écoulements de peinture. Ce groupe de sculptures dont la conception s’étend jusque’à la fin de l’année 1985 doit être situé sur la ligne de l’expressionnisme abstrait, influencé par De Kooning. À cette époque, Gabrielle Maubrie présenta à l’occasion d’une exposition collective dans sa galerie de l rue du Dragon.

À partir du début de 1986, Hervé Le Nost se dégage des nécessaires influences de ces débuts. S’il poursuit son travail dans le sens de l’assemblage jusqu’à l’échelle monumentale dans certaines pièces, ces dernières oeuvres s’inscrivent à la confluence de registres, tel que le mobilier, l’architecture, les Pardons, pour y manifester la surdétermination de l’assemblage dans le sens d’une distribution spatiale, hiérarchisée par une forte structure d’étagement. Ainsi s’organise le dialogue entre les motifs disséminés sur une sculpture pensée en terme de socle et présentoir du farfelu à l’état pur.