Galerie Gabrielle Maubrie
Septembre 1987
La série des sculptures que nous propose Hervé Le Nost, pour sa première exposition personnelle, se rattache à l’esprit baroque par son aspect bizarre et par la profusion fantaisiste de ses éléments. C’est en quelque sorte une compilation des clichés de la sculpture contemporaine qui, ainsi regroupés, donnent une forme à la fois surprenante et familière. Le résultat échappe à l’anecdote et il y aurait plutôt des bribes d’histoires inachevées qui s’agencent par empilage. Ainsi la Conversation est-elle une relecture de la pratique du moulage ( la moule de cuisine se substitue par dérision à celui de la sculpture), du ready-made (pot de terre, moule en aluminium), de la sculpture traditionnelle (bloc de granit). La cuisine bretonne respecte l’ambiance de grisaille de cette région et fait des clins d’oeil à ses particularités (artichaut en bronze, dentelle plastifiée, niche et calvaire).
Sur le plan formel, cette pièce reprend la silhouette des paysages bretons. Dans d’autres sculptures c’est le modelage qui est revisité, ou la notion de monument, ou encore la référence au mobilier, la statuaire africaine, la sculpture-objet. La texture du matériau n’étant pas essentielle, elle est masquée par la couleur (bordeaux, marron, gris) qui homogénéise l’ensemble. Sans doute cette démarche est-elle de la part de Le Nost une façon de digérer les tics pour éviter la redite et trouver sa propre identité. Au stade actuel de son travail, les oeuvres dans lesquelles se greffe son histoire personnelle ( La cuisine bretonne) sont les plus convaincantes.