Iam Yang,
Critique, Artiste Commissaire
J’ai rencontré Hervé Le Nost dans une ancienne faïencerie en Bretagne. Notre groupe de quatre personnes venait d’arriver à Quimper où il organisait justement une exposition pour sa résidence dans cette manufacture de faïence. Les couleurs des engobes émaillées de ses céramiques laissaient transparaître une certaine liberté désinvolte, des allusions riches de sens cachés, comme les murmures d’un poète ou des graffitis réalisés par une main assurée.
À la différence que les graffitis d’Hervé sont fabriqués à partir de matériaux multiples : ils sont en trois dimensions. Le plus souvent, ce sont des visages humains. Ils évoluent avec une désinvolture extrême à l’extérieur de tout autre style. Ils sont sobres comme des symboles, et semblent concentrer des éléments spirituels invisibles issus de traditions diverses.
Par la suite, j’ai pu admirer différentes évolutions d’Hervé dans cette direction : ces lanternes étranges faites de verre et de céramique, ces traits tissés à partir de bambous à Hangzhou et l’espace architectural de près de quatre mètres fait de briques et de bois qu’il avait installé à Longli dans le Guizhou. C’était un gigantesque visage de soldat. Mais, de loin, on y voyait toujours la liberté, la jubilation indicible et cette pointe de sarcasme qui sont l’essence même du graffiti.